Gaël, la saison d’hiver se termine et tu prépares celle des beaux jours, nous aimerions aujourd’hui travailler sur ton rapport au Temps.
Le temps est un élément essentiel et clé dans l’athlétisme. Le temps c’est le chrono, courir contre le temps le plus vite possible, mais c’est aussi courir après le temps dans sa préparation au vu des échéances à venir (Grand Championnats).
Mais il ne suffit pas que de courir, il faut aussi savoir prendre le temps de faire les choses, de les planifier et prendre le temps de ne rien faire aussi.
Comment est segmentée une journée d’entrainement ?
Les séances d’entrainement structurent ma journée, elle-même basée sur le temps.
Bien évidemment, cela impacte ma vie privée, car la maison tourne au rythme de mes entrainements. Selon les différentes périodes de l’année, je peux m’entrainer 1 à 2 heures par jour, et pour d’autres périodes, je peux m’entrainer jusqu’à 5 à 6 heures.
Commençons par la période qui me prend le plus de temps, (la plus contraignante étant la planification de la vie au quotidien), la période de préparation physique où je peux m’entrainer intensément de 5 à 6 heures par jour : Lors de cette période, mes journée sont très planifiées, la moindre minute est calculée entre entrainements, repas, sieste entre deux séances, afin pouvoir encaisser les deux séances par jour. C’est une période d’entrainement très intense physiquement, qui demande une gestion et une hygiène de vie importante qui se répercutent sur ma vie privée et donc ma famille. Cette période dure généralement 3 mois. Actuellement, je suis en plein dedans jusqu’au mois de Mai.
Une fois cette période passée, les séances et la durée d’entrainement diminuent pour arriver à l’approche des compétitions avec des séances qui peuvent prendre 1 à 2 heures. Dans cette période-là, les temps de récupération et de ne rien faire sont privilégiés. Dans notre jargon on appelle ça : faire du jus. C’est le temps de recharge physique, nerveux et psychologique.
Tous ces efforts pour arriver le jour J en forme pour réaliser une performance lors de la compétition. Donc comme vous pouvez le voir, le temps ce n’est pas que le chrono, c’est avant tout mettre une organisation.
Le chronomètre est-il toujours le juge ultime et le plus juste ?
Le chronomètre est le juge de la performance !
On coure après un temps à faire, une performance à établir, à battre. Le chronomètre nous permet de juger un état de forme, à l’entrainement comme en compétition.
Ce peut être juste comme injuste, mais il est là et qu’il soit bon ou mauvais, on ne peut pas le changer une fois le verdict tombé.
Le temps est-il un facteur de stress et/ou de stimulation ?
Ça peut être un facteur stimulant comme stressant, en compétition comme à l’entrainement.
Stimulant car on sent que l’état de forme est là, et que tous les voyants sont au vert pour la compétition à venir : on est donc pressé d’en découdre.
Mais aussi stressant car on se rend compte de la méforme ou du retard pris dans la préparation (souvent dû a une blessure) et donc à ce moment-là, c’est le temps du choix stratégique de mettre un accent ou pas à l’entrainement sur le mauvais résultat chronométrique.
Ce sont des réflexions qui se prennent avec le couple coach – athlète afin de calmer ce stress et de mettre plus de lumière et de clairvoyance dans la suite de la préparation.
Es-tu en compétition contre le temps notamment Tokyo 2020 ? Comment vis-tu ce Temps qui reste ?
Au jour d’aujourd’hui, je ne suis pas en compétition contre le temps, mon but et ma finalité : les Jeux Olympique de Tokyo. Tokyo J-509 !
La patience est plus mon mot d’ordre car je gère des petits pépins physiques qui me sont arrivés pendant ma préparation hivernale.
Mais vu mon âge, 31 ans (qui reste un jeune âge au quotidien mais plus proche d’une fin de carrière que du début dans ma pratique), je ne récupère plus comme à mes 20 ans, même si je suis une pile électrique est un mordu de l’entrainement, je dois prendre mon mal en patience.
Patienter lorsque j’enchaine des séries de course ou de musculation afin de pouvoir récupérer et pouvoir mettre le maximum d’intensité dans les suivantes.
Patienter sur l’enchainement entre deux compétitions : avant je pouvais enchainer les compétitions tous les week-ends. Maintenant, c’est gérer cette impatience en récupérant pour enchainer les compétitions plus espacées les unes des autres dans le temps mais toujours avec la soif de victoire et la rage de vaincre, d’où une planification des entrainements et des compétitions dans les temps millimétrés afin d’avoir les pics de forme au moment souhaité.
Que te dis-tu ?
Patience ton heure viendra !
Merci Gaël et bon entrainement intensif !